Les faits divers
Journal Le Fanal de 1892 à 1896

Mais que fait la Police. Edition du 28 Février 1892

Mais que fait la Police. Edition du 28 Février 1892
Mais que fait la Police. Edition du 28 Février 1892
On nous prie d’insérer la lettre suivante qui a été adressée à notre premier adjoint.
Monsieur l’adjoint.
Je voulais écrire à monsieur le Maire, mais à quoi bon ! Puisqu’il est prouvé que M. le Maire a peur de son agent de police. Que c’est il passé entre eux ? Nul ne peut le dire mais à Aigues-Mortes l’agent fait ce qu’il veut et le Maire ne le blâme jamais. Avec un autre Maire, l’agent de police aurait été révoqué, le jour qu’il a violé le domicile d’un paisible citoyen. Il aurait été révoqué le jour où il permit aux enfants Clavel d’enlever des objets qui étaient saisis, avec cette circonstance aggravante, qu’il n’ignorait pas le fait. Il aurait été révoqué le jour qu’il enfermât de force une femme chez elle, pendant que des portefaix brisaient tout ce qui leur tombait sous la main. Il aurait été révoqué le jour où il frappa brutalement un enfant. Il aurait dû être évoqué le jour qu’il se battit avec une femme au milieu du marché, et qu’il resta tout le jour caché, de peur de rencontrer le mari, car le mari avait promis d’y faire son compte. Il aurait dû être révoqué le 1er Mai, car ce jour là à toutes les portes des jeunes filles, il y avait des écrits tellement obscènes, qu’ils auraient fait rougir le marquis de Sade. Si les jeunes gens ne savaient pas que l’agent se couche tous les jours à 9h et que la police est nulle à Aigues-Mortes, ils n’écriraient pas de pareilles choses, car actuellement les rues sont d’une saleté tellement révoltante qu’on se croirait dans un village arabe. Je ne parle pas des faits récents qui ont été signalés à qui de droit, et je ne parle que de ceux dont je suis absolument sûr car vous savez à quoi vous en tenir sur mon compte. Si le conseil municipal veut faire cadeau à l’agent de police 800 frs et cela pour rien faire, on devrait au moins en nommer un second, et celui ci veillerai peut être pendant que celui-ci dort, car il n’est bon qu’à dormir.


Par le trou de la serrure. Edition du 3 Avril 1892

Par le trou de la serrure. Edition du 3 Avril 1892
Par le trou de la serrure. Edition du 3 Avril 1892
Lundi dernier, 28 Mars, un jeune homme de la localité se promenait dans la rue Porte neuve, attendant un de ses amis qui était allé faire boire son cheval (il était dix heure du soir). La porte de l’écurie étant fermée, ce jeune homme, après quelques va et vient dans la rue regardait par le trou de la serrure pour s’assurer si son ami n’était pas de retour. À un moment donné, pendant qu’il avait le nez contre la porte, il s’entend interpeller il se retourne et qu’elle n’est pas sa surprise en apercevant notre bon curé qui, animé sans doute par quelques mauvaises pensées, lui enjoignait de se retirer. Le jeune homme ne fit pas même attention à lui ce que voyant, notre bon curé s’en irrita et l’invectiva même assez insolemment. Nous sommes à nous demander ce qu’il faisait lui-même à cette heure tardive dans la rue, était il là pour implorer la Clémence de Dieu au profit des passants ? Ou bien pour remplir les fonctions de policier ? Quoi qu’il en soit le jeune homme en question ne craignait pas de le réprimander vertement et de lui dire que sa place n’était pas là et notre bon curé regagnât en maugréant ses pénates, se demandant ce que le jeune homme pouvait bien regarder par le trou de la serrure.


Un accident au pont tournant. Edition du 19 Mars 1893

Un accident au pont tournant. Edition du 19 Mars 1893
Un accident au pont tournant. Edition du 19 Mars 1893
Un accident dont les conséquences auraient pu être bien plus graves est arrivé mardi vers les 6h. et demie du matin. M. Boutonnet, boucher de notre ville, se rendait en voiture comme tous les matins au Grau-du-Roi pour le marché, en compagnie de Mme Marie Parody épouse Lasserre lorsqu’arrivé au pont tournant le cheval prit peur et se précipita dans le canal. Voyant le danger Boutonnet sauta de la voiture et se fit dans sa chute une blessure on front et une contusion à la jambe gauche. La dame Lasserre qui ne put sauter fut précipitée dans le canal avec le cheval et la voiture, et comme à cet endroit le canal n’a pas de plage et que les rives sont à pic, elle se serait inévitablement noyée sans l’intervention du nommé François Ziccarello, étameur habitant Aigues-Mortes, qui se trouvait sur la route, et qui n’écoutant que son courage, c’est résolument jeté à l’eau et à pu en retirer à temps la victime de l’accident. Ziccarello, dont la conduite à toujours été irréprochable depuis qu’il habite Aigues-Mortes mérite plus que nos félicitations pour cet acte de courage, car nous avons appris non sans surprise qu’il ne savait pas nager, et qu’après avoir opéré le sauvetage de la dame Lasserre, il fit tous les efforts pour sauver le cheval, qui retenu par les harnais ne pu être retiré à temps et se noya. Nous espérons bien que la conduite de Ziccarello en cette circonstance lui vaudra une médaille, ou tout au moins un témoignage de satisfaction.


Brutalité à l'école. Edition du 9 Juillet 1893

Brutalité à l'école. Edition du 9 Juillet 1893
Brutalité à l'école. Edition du 9 Juillet 1893
Aigues-Mortes. Dans son numéro du cinq courant le Petit Méridional annonce que le Curé de notre ville a été cité en justice de paix pour violences et voies de fait sur une jeune fillette de l’école congréganiste. Il ne dit que le coût de celte agression a été de 50 Fr. qui ont été alloués à la famille. Qu’il nous soit permis d’ajouter que la conduite de ce vieux Frocard dénote que Dieu était à ce moment absent de son école et qu’il n’était pas lui même animé du Saint Esprit en invoquant la Sainte Vierge. Il avait oublié, (s’il l’a jamais appris) que pour convaincre et édifier ses auditrices, l’exemple de la Charité a plus de puissance sur le cœur qu’une vaine prière et qu’un discours accompagnés d’un soufflet. Nous avons été surpris que la none qui a la direction de l’école n’ait pas été poursuivie à son tour pour les violences qu’elle a aussi commises en cherchant à enfermer la jeune Figuière. Ces actes de brutalité ne feront ils pas comprendre aux chefs de famille que le froc et la cornette ne sont pas une garantie suffisante pour l’instruction et le bien être de leurs enfants? Le Conseil départemental et l’Académie comprendront ils à leur tour qu’il faut autre chose, à celui qui enseigne, que des oripeaux et même des brevets? Nous demandons à l’Autorité supérieure que les maitres qui infligent des peines corporelles à leurs élèves, soient à leur tour jugés indignes d’enseigner et frappés de révocation. Il existe une loi qui protège les animaux contre les brutalités de leurs maitres !!!
Quelques mères de famille.


Un crime dans la ville. Edition du 16 Juillet 1893

Un crime dans la ville. Edition du 16 Juillet 1893
Un crime dans la ville. Edition du 16 Juillet 1893
Lundi vers les trois heures du matin la nommée Marie Naud, se rendant aux champs, aperçût à quelques mètres de la porte saint Antoine et à l’intérieur des remparts un individu couché en travers de la route. Pensant avoir affaire à un ivrogne endormi, elle s’approchât pour le réveiller et s’aperçu alors que la tête de l’individu baignait dans son sang. Elle appela immédiatement au secours et réveilla le nommé Jean Baruthel, le plus proche voisin qui, après avoir fait la même constatation alla appeler la gendarmerie.
Le Maréchal des logis et un gendarme se rendirent sur les lieux et constatèrent une petite flaque de sang à environs 15 mètres du cadavre et qui avait été recouverte de poussière. Le cadavre se trouvait environs à un mètre des escaliers des remparts, le corps en travers du chemin et la tête baignant dans une forte mare de sang. Après avoir fait les premières constatations le corps a été porté à l’hospice.
1/La victime. La victime a été reconnue pour être un nommé Jean Riotardi, natif des environs de Turin, âgé de 40 ans, mouleur sur cuivre de son état, il était actuellement occupé aux ateliers du Perier de la compagnie des Salins du Midi. De l’avis de ses compagnons d’atelier, Riotardi était un bon ouvrier dont on avait constaté les bonnes aptitudes. C’était un homme tranquille. N’ayant pas dans la ville de domicile fixe, il mangeait d’habitude chez un nommé Pellegrini, vivant en compagnie d’une femme Albine Morgan, née à St Côme (Italie) âgée de 33 ans. On reconnu tout d’abord sur la tête une forte contusion d’où le sang s’échappait en abondance. Le docteur Raynaud appelé constata que le coup avait déterminé la mort. 2/L’instruction. Le parquet de Nîmes fut immédiatement prévenu et le juge de paix commença l’instruction qui l’emmenât à mettre en état d’arrestation Pellegrini et Albine Morgan. Dans l’après midi, après de nouvelles dépositions, Pellegrini et Albine Morgan furent remis en liberté. 3/Le parquet. Le Parquet est arrivé à Aigues-Mortes par le train de 3h.46. MM. Pine Des Granges, procureur de la république, De l’Adevèze, remplissant les fonctions de juge d’instruction en l’absence de M.Roque, le docteur Raynaud, médecin légiste de Nîmes, le docteur Raynaud d’Aigues-Mortes, le juge de paix, le greffier et la gendarmerie se sont alors dirigés vers l’endroit de la découverte du cadavre et après avoir pris connaissance des lieux se sont rendus à l’Hôpital. 4/L’autopsie. Après avoir vu le cadavre, le parquet s’est rendu à la mairie pour reprendre et continuer l’instruction de cette affaire, pendant que M.Raynaud, médecin légiste assisté du docteur Raynaud de notre ville procédait à l’autopsie. 5/Les blessures. Il a d’abord été constaté une légère coupure à l’intérieur de la main gauche. Quand à la tête, le crâne mis à nu était horrible à voir. Le côté droit de la boite crânienne était complétement défoncé; cette partie a été brisée en sept ou huit morceaux. Le coup a été terrible et la blessure parait avoir été faite avec un objet contendant, une forte trique ou plutôt un casse tête. Aucune autre blessure n’a été découverte sur le corps. L’autopsie a démontré que Riotardi avait été tué sur le coup 3 ou 4 heures après son repas et qu’il était dans un état normal, aucune trace d’alcool n’ayant été découverte dans l’estomac. 6/L’arrestation. Comme nous l’avons dit plus haut la nommée Albine Morgan d’abord arrêtée puis relâchée, a été maintenue en état d’arrestation après l’instruction qui n’a pu être terminée à cause de l’état d’ébriété de quelques témoins. Nous terminons ici nos informations, ne voulant pas entraver l’action de la justice, et lui laissant le soin d’éclairer cette malheureuse affaire. Les obsèques du malheureux Riotardi ont eu lieu mardi matin à 8 heures et demie. Une heure après Albine Morgan était amenée à Nîmes par la gendarmerie, pour être mise à la disposition du procureur de la république.


Le cercle des célibataires. Edition du 18 Novembre 1893

Le cercle des célibataires. Edition du 18 Novembre 1893
Cercle des célibataires. Edition du 18 Novembre 1893
Indiscrétion. Nous avons appris, de source sûre, qu’il y avait dans notre belle citée d’Aigues-Mortes, des gentils petits minois qui, sans être bien pressées, tiendraient beaucoup à se marier. Nous nous voyons dans l’obligation, nous, comme Délégués du cercle des célibats, d’informer ces charmantes demoiselles que nous tenons à leur disposition des articles de premier choix. Nous ne pouvons admettre que de jolis moineaux n’aient à se mettre sous la dent, alors que beaucoup de grains de blé ne servent à rien. Nous espérons donc avoir, sous peu, l’honneur de leur clientèle. Dans un prochain numéro, nous vous donnerons l’adresse du dit cercle.
Un groupe de célibataires Aigues-Mortais.


Les folies Aigues-Mortaises. Edition du 16 Décembre 1894

Les folies Aigues-Mortaises. Edition du 16 Décembre 1894
Les folies Aigues-Mortaises. Edition du 16 Décembre 1894
Programme de la soirée qui sera donnée aujourd’hui aux folies Aigues-Mortaises à 8h 1/2 du soir, au profit de la société « Le progrès Aigues-Mortais ».
- farandole par MM. Fontaine, Bouscarle, Savoy, Bastide.
- M. Garnier, basse chantante.
- escrimes, par MM. Ravel et Gaussen Adolphe (Brigadiers d’arme).
- matelote, par MM. Néblon et Loubatière.
- M. Duplessis, ténor léger.
- canne, par MM. Rognon et Gautier, chef de danse.
- duettistes, MM. Néblon et Loubatière.
- M. Imbert, baryton
- pas Grec, par MM. Dumas, Vidal, Savoy, Ravel
- boxe, par les élèves de Laplace, MM. Fontaine, Castel, Ouvrier, Ventujol, Euzèbi, Bousquet, Uléza, Martin.
- la Gavotte, par MM. Chauvin, Néblon, Banache, Boniface.
- la Cosaque, par MM. Sol, Méjean, Dumier, Bout.
- M. Bachin, baryton.
- la silencieuse, par M. Tracol, âgé de 6 ans.
- la fricassée, par MM. Fontaine, Jérome, Bastide.
Le secrétaire : SAVOY


Arnaque à la médaille. Edition du 13 Janvier 1895

Arnaque à la médaille. Edition du 13 Janvier 1895
Arnaque à la médaille. Edition du 13 Janvier 1895
Ou peut conduire l’amour d’être décoré. Deux personnages étrangers du pays, mais y habitant et exploitant chacun une industrie rapportant assez gros, ont été victimes, par Amour des décorations, des exploits d’un chevalier d’industrie. Un de ses deux personnages, qui avait mis tout en mouvement pour être décoré à propos des affaires d’Aigues-Mortes en 1893, qui avait même écrit à cette époque à un journal Italien, une lettre qui fut désapprouvée par toute la presse française, comme antipatriotique. Ce personnage, disons nous, reçu dernièrement la visite d’un individu correctement vêtu, qui lui proposa de le faire décorer par le Roi d’Italie, pour récompense de ses bons services pendant les troubles en 1893. Notre personnage, qui depuis cette époque ne rêvait que de cela, ne se fit pas prier longtemps et recommanda même chaleureusement son ami, qui s’était levé la nuit pour rendre service aux blessés (services qui lui ont d’ailleurs été payés par la commune). Notre chevalier d’industrie en prit note et promis, vu son influence auprès de certaines personnalités Italiennes, de les faire décorer tous les deux. Quelque temps après cette visite, ces deux messieurs récurent un avis que la chose marchait très bien, mais qu’il fallait envoyer la somme de 500 francs pour les diverses dépenses. L’ambition d’être décoré d’un ordre quelconque, les rendit assez naïfs pour leur faire envoyer la somme demandée. Après un certain temps d’attente, tout comme sœur Anne ne voyant rien venir, il flairaient un piège et déposèrent une plainte au consulat général Italien à Marseille; l’escroc fût arrêté, mais nos deux amoureux de décorations, quand même, en furent pour leur argent et ne furent pas décorés.
Morale: il ne faut jamais envier, d’être décoré à la Wilson.


Soirée de Gala. Edition du 9 Juin 1895

Soirée de Gala. Edition du 9 Juin 1895
Soirée de Gala. Edition du 9 Juin 1895
Samedi et Dimanche ont eu lieu les deux soirées annoncées au bénéfice de la société de secours mutuels. Ces soirées pour lesquelles la commission d’organisation s’était efforcée de conserver son caractère familial, avaient attiré dans la salle des folies Aigues-Mortaises un nombreux auditoire: l’éclat des fraîches toilettes uni à la décoration de la salle, fournirent un ensemble charmant. Les deux concerts ont été fort goûtés, les applaudissements et les rappels bien mérités. Aux première et deuxième partie de chaque soirée, la société musicale « les Amis réunis » ouvre le feu. C’est avec une maestria digne d’éloges que cette société tient les auditeurs sous le charme pendant l’exécution de ses morceaux et elle quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissements.
Mr Bonneze à fait beaucoup plaisir dans ses fantaisies pour violon et les bravos ne lui ont pas été ménagés. Parmi la « Société Artistique » très remarqués dans leur romances et duos, MM. Imbert, baryton à la voix large et bien timbrée et Raymond, ténor léger, qui ont chanté avec grâce et exécuté leur duo avec un ensemble parfait. Mr Armand dans ses chansonnette si bien dites. Néblon et Loubatière, inimitables dans leurs duos comiques et leurs danses. Mr Aubanel, comique endiablé dont l’apparition sur la scène soulève un éclat de rire général. Mr Granier, basse chantante à, dans ses diverses romances, recueilli sa grosse part d’applaudissements. La poésie intitulée « Aigues-Mortes », dite avec beaucoup de finesse et de naturel, par Mr Commune, lui a fait retrouver son succès habituel. Quand à la partie des armes, que dire de tous ceux qui ont prêté leurs concours sans blesser personne. La tâche est réellement difficile car pour tous, le succès est devenu triomphe. Y ont pris part: MM. Vical Antoine, Gaussen Adolphe, Martin, Buisson, Guis, Goudal, Vical fils et Gleize. Ces messieurs ont par leur jeu serré, intéressé l’auditoire. MM. les amateurs de « cause » ne nous en voudrons pas de les avoir réservé pour la fin. MM. Gaussen aîné et Rognon père, ont été malgré leur âge, d’une souplesse extraordinaire et leur jeu à été très brillant. Le jeune Rognon et le fils Diot, ont par leur adresse, émerveillé les auditeurs. Nous prédisons à ces jeunes et gentils tireurs, un brillant avenir dans la partie des armes. En somme tous ceux qui, à un titre quelconque, ont prêté leur gracieux concours à ces fêtes philanthropiques méritent de vives félicitations. C’est regrettable qu’il ne nous soit pas donné d’assister plus souvent à des soirées si bien organisées. En terminant nous adressons nos félicitations à MM. les membres de la commission de la société de secours mutuel, de la peine qu’ils se sont donnés pour arriver à un tel succès, qu’ils reçoivent aussi nos remerciements pour l’heureuse innovation qu’ils ont faite en invitant à cette soirée magnifique les membres de la presse. Et maintenant à quand une deuxième fête ?
Voici le produit de ces deux soirées : Quêtes et entrées : 262, 60 Fr. – Frais de pianiste : 2500 Fr. – Affiches et prospectus : 1900 Fr. – Distribution des prospectus : 200 Fr. – Frais de salle : 3500 Fr.- Total des dépenses : 8100fr ; Bénéficie net : 181, 60 Fr.


Scandale à l'Orphéon. Edition du 29 Novembre 1896

Scandale à l'Orphéon. Edition du 29 Novembre 1896
Scandale à l'Orphéon. Edition du 29 Novembre 1896
L’histoire écrite à la façon du père Loriquet. Dans un numéro de jeudi dernier, l’Eclair publiait l’article suivant:
« Dimanche dernier l’Orphéon à célébré la Ste Cécile. Cette société chorale, délaissée par la municipalité radical-socialiste est toujours vivante et prête à recueillir, pour l’honneur d’Aigues-Mortes, de nouveaux lauriers. Après avoir assisté à la grande messe, où ils ont reçu les félicitations bien mérités de notre curé doyen, chanoine honoraire de Nîmes, les membres actifs et honoraires, au nombre de 70, ont pris part à un banquet servi par Mme veuve Fayn. On suivi farandoles, tour de ville, chansonnettes. Imbert, baryton, a été, comme il mérite de l’être, très applaudi. MM. Trévies et Granier, dans une partie du duo de Lucie, on su s’attirer une large part de bravos, M. Étienne Moulin, ténor, à été très apprécié, avec lui M. Concourde François. Ne négligeons pas de féliciter chaleureusement M. Gustave Michel dont la verve intarissable et du meilleur aloi à mis tous les assistants en gaité. La fête s’est terminée par un bal de famille. Jeunes et vieux s’en sont donné à jambe que veux tu. En somme bonne journée. Les participants à la fête n’ont pu que se dire au revoir. Un point et c’est tout. »
Eh ! bien, nous, en chroniqueurs impartiaux, nous allons donner exactement le compte-rendu de cette fête. D’abord, pourquoi l’Eclair ne parle-t-il pas de la réunion qui eut lieu chez M. Gustave Michel, quelques jours avant la Ste Cécile et dont les républicains faisant partie de l’Orphéon avaient été systématiquement écartés ? L’Orphéon à assisté à la grande messe, c’est exact: le curé doyen à félicité ses membres, c’est parfait; mais ce que l’Eclair ne dit pas, c’est que maître Mauger a profité de cette occasion pour jeter sa bave sur l’honorable société des anciens sous-officiers, sous le fallacieux prétexte que cette dernière n’avait pas été à la messe, lors de la célébration de sa fête annuelle. Au banquet, un incident c’est produit. Pourquoi n’en est-il pas parlé dans l’Eclair ? Le remords se serait-il emparé de ceux qui l’ont crié. Le voici dans toute son exactitude. Au dessert, M. Concourde François, président de l’Orphéon, chante la romance intitulée : défense héroïque de Châteaudun. Tous ceux qui ont entendu chanter cette romance savent que le dernier couplet se termine ainsi : « Et pour la France et pour la République, fond le serment de Vaincre ou de mourir. » Trouvant la rime mauvaise, ce nouveau poète chanta : « et pour la France et pour la monarchie, fond le serment de Vaincre ou de mourir. »
Comme un seul homme, preuve qu’il y avait eu entente lors de la réunion chez M. Gustave Michel, les clérico Royalistes, composant en majeure partie la société Orphéonique, se levèrent et firent au chanteur une ovation indescriptible. Les républicain ahuris ne soufflèrent aucun mot. Pourquoi cet humble valet des partisans du prince Gamelle, s’est-il permis de transformer une aussi patriotique romance ? Est-ce pour montrer sa nullité ; ou sa bêtise ? Pendant l’ovation, des cris de vive le Roy ont été poussés. Pourquoi dans une société « chorale » composée de divers éléments politiques, de telles manifestations sont, non seulement tolérées, mais encouragées par celui qui a charge de faire la police : le Président ? A la farandole qui a eue lieu sur la place St Louis, de nouveaux cris de vive le Roy ont été poussés et l’Eclair feint de l’ignorer. La feuille royaliste adresse de vifs éloges aux chanteurs. Imbert, Trévies, Granier, E. Moulin, F. Concourde; mais il se garde bien de signaler que lorsque M. Parody voulut chanter une romance patriotique, la cabale qui avait applaudi à outrance M. Concourde, lui intima l’ordre de ne pas chanter. Ce voyant, les républicains faisant partie de l’Orphéon se retirèrent en protestant énergiquement; ils furent suivis par de nombreuses personnes raisonnables, ne partageant pas nos idées en matière politique, écœurés de voir ce qui se passait. Pour marquer que c’était bien une manifestation politique que certains voulaient faire, le portrait de Gamelle, marié à une Autrichienne, était au café sur toutes les bouteilles de rhum. Nous apprenons que la société Orphéonique, va être le centre du groupe de la jeunesse Royaliste; cela nous permettra de passer quelques bon moments en écoutant la verve intarissable de Gustave. Après cela pourquoi l’Eclair se plaint il que cette société clérico royaliste soit délaissée par le conseil municipal républicain.

Sources : bibliothèque Nationale de France. https://gallica.bnf.fr/