Les évènements maritimes
dans la presse de 1791 à 1891

Récompense pour sauvetage. Assemblée Nationale - séance du 16 Aout 1791

Récompense pour sauvetage. Assemblée Nationale - séance du 16 Aout 1791
Récompense pour sauvetage. Assemblée Nationale - séance du 16 Aout 1791
Après la lecture du procès verbal il été rendu compte un fait de courage et d’humanité qui honore bien ses auteurs. A Aigues-Mortes, un bâtiment avait fait naufrage: quinze hommes formant l’équipage allaient périr lorsque des citoyens, dont nous regrettons de n’avoir pas pu saisir les noms, se jetèrent à la nage et bravant les périls, ont le bonheur de sauver la vie à quatorze des naufragés. Il a été ordonné qu’il serait fait une mention honorable de cette mention dans le procès verbal et le comité des pensions doit proposer un moyen de récompense.


Montée subite des eaux. Le journal de Paris du 31 décembre 1798

Montée subite des eaux Le journal de Paris 31 décembre 1798
Montée subite des eaux. Le journal de Paris du 31 décembre 1798
Les lettres du midi annoncent une espèce de phénomène d’histoire naturelle. On sait que Louis IX s’embarqua à Aigues-Mortes pour son expédition d’Égypte. On avait observé que, depuis cette époque, la mer c’était successivement retirée*, de manière que cette ville en était à 3000 toises; la méditerranée à tout à coup repris ce terrain. Elle est venue jusqu’aux murs de cette ville. Il n’y a eu heureusement que quelques cabanes de pêcheurs détruites; & cette inondation c’est arrêtée, avant d’envahir les importantes et précieuses salines de Pecquay. (texte original rédigé en vieux Français).
*on sait depuis que cette information est fausse


Histoires de Corsaires. Journal "La clé du cabinet des souverains" du 21 juillet et 14 Aout 1799

Histoires de Corsaires. Journal "La clé du cabinet des souverains" du 21 juillet et 14 Aout 1799
Histoires de Corsaires. Journal "La clé du cabinet des souverains" du 21 juillet et 14 Aout 1799
Nîmes, le 23 Messidor. Le 21 du courant, un corsaire ennemi à forcé deux bateaux de pêcheurs à échouer sur la côte d’Aigues-Mortes. C’est plus à la vie qu’ils en voulaient qu’à leur modique cargaison, puisqu’ils ont eu la barbarie de tirer à mitraille sur les malheureux qui tâchaient de se sauver à la nage. La colonne mobile, instruite à temps, à marché sur la côte avec une pièce de campagne, et à forcé les brigands à abandonner leur proie. Le nommé Antoine Mistral, émigré, natif de Tarascon, département des Bouches-du-Rhône, a été condamné à la peine de mort par la commission militaire de cette division, et à subi son jugement. Un autre émigré vient d’être arrêté dans la commune de Cabrières, canton de Marguerite, et renvoyé par l’administration centrale de ce département, devant celle des Bouches-du-Rhône dont il est natif. Le même journal rapporte dans son édition du 14 Aout ; Un corsaire Mahonnais attendait depuis quelque temps sur nos parages, les bâtiments qui devaient retourner de Beaucaire en Espagne : il aperçu, le 11 du courant, un petit bateau Français qui côtoyait la terre. Il envoya sa chaloupe et son capitaine de prise, avec onze hommes pour le reconnaître, mais un vent terrible qui s’éleva à l’instant les englouti dans les flots: six d’entre eux cependant se sauvèrent à la nage, et ils ont été enfermés dans la tour d’ Aigues-Mortes pour y faire quarantaine.


Attaque des Anglais. Journal de l'empire du 27 Aout 1808

Attaque des Anglais. Journal de l'empire du 27 Aout 1808
Attaque des Anglais. Journal de l'empire du 27 Aout 1808
Le 17 de ce mois, deux embarcations d’environs quatre vingt hommes, détachés d’une frégate Anglaise qui louvoyait depuis quelques jours sur la côte d’Aigues-Mortes, débarquèrent au grau de Fer, sur une plage entièrement déserte, firent sauter le sémaphore établi dans cette partie, et se rembarquèrent sur-le-champ. A la première nouvelle de cette incursion, la garnison d’Aigues-Mortes, les employés des douanes, la garde nationale de cette ville et des environs accoururent sur le rivage, et se mirent en devoir de s’opposer à de nouvelles tentatives de l’ennemi. Cependant le 22 au matin il effectua un autre débarquement sur un autre point; il brûla quelques cabanes de pêcheurs, et marchait sur la tour des signaux de Terre Neuve pour la faire sauter, lorsque l’approche des Français l’obligea de remonter dans ses chaloupes et de rejoindre la frégate. Mr le préfet ne fut instruit de cet évènement que le 27 au matin; il partit aussitôt pour Aigues-Mortes, et fut le même jour sur place pour parcourir la plage, avec MM. le commandant militaire et le maire d’Aigues-Mortes. La frégate avait déjà disparue, et depuis elle n’est plus réapparue. Tous les corps militaires ont donné dans cette occasion les preuves du plus grand zèle. La garde d’honneur, par l’organe de ses chefs, s’offrit pour marcher toute entière, mais on n’offrit qu’un détachement de la garde à cheval..


Deux naufrages. Journal "Le Sémaphore de Marseille" du 6 Décembre 1845

Deux naufrages. Journal "Le Sémaphore de Marseille" du 6 Décembre 1845
Deux naufrages. Journal "Le Sémaphore de Marseille" du 6 Décembre 1845
Le bateau le Saint-Étienne, commandé par le cap. Nicole, remplacé à Antibes, où il était de relâche, par le cap. Ribaud, avait chargé du blé à Marseille pour changer les expéditions à Nice avec destination d’Aigues-Mortes. Ce bateau a naufragé, dans la nuit du 2 au 3 courant, sur les pointes de l’espiguette, à environ trois lieux d’ici: tout l’équipage s’est sauvé. On croît la cargaison perdue, mais on a l’espoir de sauver les agrès et apparaux du navire.
La bombarde la Sainte-Anne, commandée par le cap. Rouquette, venant de Nice avec un Chargement de blé pour Aigues-Mortes, a naufragé la nuit dernière sur notre embouchure : la cargaison est totalement perdue; on ne pense pas pouvoir sauver la coque, mais on a l’espoir de sauver une grande partie des agrès et des apparaux. Tout l’équipage s’est sauvé.


Naufrage de la jeune Louise. Gazette nationale ou le moniteur universel du 28 mars 1846

Naufrage de la jeune Louise. Gazette nationale ou le moniteur universel du 28 mars 1846
Naufrage de la jeune Louise. Gazette nationale ou le moniteur universel du 28 mars 1846
Extrait du rapport du capitaine Fardel, commandant le brick La jeune Louise, de Redon, naufragé près d’Aigues-Mortes: « le 18 Mars, à 4 heures du soir, les vents ayant passé au Nord, nous éprouvâmes une forte tourmente. Je fis serrer les voiles et prendre deux ris aux huniers. Le même jour, à sept heures du soir, je parlais au brick l’Elmire-Malvina, capitaine Foussat, allant à Cette, et le 19, à dix heures du soir j’ai cru relever le feu d’Agde à l’Est: nous nous échouâmes et donnâmes quelques coup de talon sur le moment : pour le salut du navire et de la cargaison, je fit pomper continuellement. A trois heures du matin je fis mettre un fanal au mat de misaine, aucune embarcation ne se présentât. Je mis le pavillon en berne sans recevoir du secours. Nous pompions toujours. A sept heures et demie je fis débarquer les effets de l’équipage, après avoir eu soin du navire et de la cargaison : et le même jour je reconnu que c’était le phare d’Aigues-Mortes que j’avais pris pour le phare d’Agde ». Nous ajouterons à ce rapport que le syndic des gens de mer à Aigues-Mortes c’est rendu sur les lieux du sinistre pour donner les premiers soins au sauvetage, en attendant l’arrivée de M. Le commissaire de l’inscription maritime, qui s’est empressé de partir dès que la nouvelle lui est parvenue. On avait déjà sauvé un certain nombre de sacs, mais beaucoup d’entre eux étant vieux ils se crevaient à mesure qu’on les enlevait.


Naufrage du Swallon. Gazette du Midi 11 novembre 1852

Naufrage du Swallon. Gazette du Midi 11 novembre 1852
Naufrage du Swallon. Gazette du Midi 11 novembre 1852
Aigues-Mortes 7 Novembre. Je viens vous donner par la présente, des renseignements positifs sur le naufrage que je vous ai signalé par ma lettre du 5 courant. Le brick Anglais le Swallon de 240 tonneaux de jauge, capt. Strone, était parti de Londres le 8 Octobre dernier, avec son chargement de diverses marchandises à destination de Marseille. Il a échoué le 4 courant, à 7 heures du soir à la Mantille blanche, vis à vis les pinettes des Saintes-Maries. L’équipage c’est sauvé sans accident. Le brick est venu tellement à terre qu’il sera probablement impossible de le renflouer, bien qu’il n’y ait pas de bris. L’eau n’ayant pas pénétré à l’intérieur du navire, on pourra procéder facilement au sauvetage des marchandises. Comme le chargement est tout à ordre, et que je ne puis donner aucun avis aux cosignataire, je vous prie de faire connaître, par la voix de votre journal, les détails que je viens de vous transmettre, afin que si les consignataires ont besoin de quelques renseignements, il puissent s’adresser à Me Thisulon, courtier maritime à Aigues-Mortes. Voici les marchandises portées sur les connaissements :
Of 47 fûts. Salpêtre raffiné.
C 3 fûts acide volatil
LSBB 50 caisses gomme laque.
8 caisses Benjoin
CT 22 fûts arsenic
H 24 Fûts arsenic
B 3 caisses Aloès
WCJ 2 caisses huile d’anis
QA 200 caisses salpêtre raffiné
50 tonneaux fer en gueuses
Mariani Guiller MCM, 4 c tôlerie.
B Rostand et Cie, p., 40 f. noix
B Rostand et Cie, p., 4 b. Kermess
Le navire à été recommandé à M. ed. Sergère et à M. J.-H. Reymonet.


Naufrage du Mazagran. Courier du Gard du 20 décembre 1853

Naufrage du Mazagran. Courier du Gard du 20 décembre 1853
Naufrage du Mazagran. Courier du Gard du 20 décembre 1853
On nous écrit d’Aigues-Mortes, 17 décembre : « Le 13 courant, nous avons eu un naufrage au Rhône vif, à deux lieux d’ici. Un brick goélette que le capitaine Arnaud, du Soleil à rencontré dans le golfe des Sainte-Maries et qu’il croit avoir reconnu pour être le Mazagran, de Toulon, est tout à fait perdu. Depuis trois jours on est à la recherche et l’on ne trouve aucun indice qui puisse le faire reconnaître. Il paraît malheureusement que tout l’équipage à péri, les postes des douanes qui sont sur cette côte n’ayant vu personne. On a trouvé vis à vis de ce navire une caisse défoncée par la mer, contenant au fond de la paille: elle apparaît avoir contenu des bouteilles: elle est marquée sur le couvercle « Hunt Roop Téage et Compagnie, H ». Ce matin on a fait partir des bateaux pour le golfe des Sainte-Maries pour faire de nouvelles recherches.


Naufrage du Commercio. Journal officiel de la République Française du 18 janvier 1876

Naufrage du Commercio. Journal officiel de la République Française du 18 janvier 1876
Naufrage du Commercio. Journal officiel de la République Française du 18 janvier 1876
On signale d’Aigues-Mortes le naufrage du trois-mâts Italien Commercio dans l’est du Rhône vif, à trois milles de terre. Dix hommes formaient l’équipage : neufs ont péri, un seul s’est miraculeusement sauvé. Après un séjour de deux heures à la mer, cramponné à une épave, il est arrivé à terre dans un état complet d’épuisement : les lames l’ont jeté sur le sable dans l’ouest du Rhône vif, devant une ferme, où il a pu recevoir les premiers soins. On l’a transporté ensuite à l’hôpital. Le Commercio allait à Cette avec un chargement de douelle: le 7 Janvier, le temps devint mauvais, le vent soufflait avec violence du Nord Est, la mer était grosse: le navire faisait beaucoup d’eau: il fût impossible d’en arrêter les progrès. Le capitaine se voyant sur le point de sombrer au large se couvrit de toiles et fit route à terre: il échoua à trois milles. Le bâtiment s’ouvrit presque aussitôt: l’équipage se réfugia dans la chaloupe, qu’une lame fit chavirer. On n’a pu retrouver encore que le corps du mousse.


Capture de deux cétacés. Le petit Provençal du 3 Octobre 1880

Capture de deux cétacés. Le petit Provençal du 3 Octobre 1880
Capture de deux cétacés. Le petit Provençal du 3 Octobre 1880
On écrit d’Aigues-Mortes que le 29, à la pointe du jour, un énorme poisson de la famille des cétacés, et peu connu dans la Méditerranée, à été jeté à la côte entre le phare de l’Espiguette et le Grau-du-Roi. Ce monstre marin était suivi par un jeune qui fit de grands efforts pour se rapprocher de sa mère et fut capturé avec celle-ci par MM. Mazard, Sassepin et Paris, secourus par d’autres pêcheurs du Grau. Après une longue lutte, cette importante capture fut remorquée par plusieurs bateaux et amarrée à l’aide de forts cordages dans les eaux du canal ou ils se trouvent pleins de vie. Le plus grand de ses monstres marins mesure près de 9 mètres et à environ 6 mètres de circonférence, son poids est estimé à près de 100 quintaux. Le jeune présente 5 mètres de longueur. D’après nos renseignements ces deux montres, qui offrent beaucoup de ressemblance avec les cachalots par l’énorme évent situé sur la tête, seront exhibés prochainement dans notre ville.


Naufrage du FRE-DOM. Le patriote du 2 decembre 1883

Naufrage du FRE-DOM. Le patriote du 2 décembre 1883
Naufrage du FRE-DOM. Le patriote du 2 decembre 1883
On nous écrit du Grau-du-Roi : les braves pêcheurs de notre petit port on été appelés, ses jours derniers, à prêter leur généreux dévouement dans le naufrage d’un bâtiment marchand. Un trois mâts Américain, le Fré-dom, portant un chargement de pétrole et monté par dix sept hommes d’équipage, fut aperçu un peu avant la nuit de dimanche à quatre kilomètres du phare d’Espiguette. La mer était furieuse et un vent impétueux faisait tourbillonner au gré de ses désirs le trois mâts qui ne pouvait plus manœuvrer. Nos braves marins aperçurent heureusement les signaux d’alarme que faisaient dans leur situation désespérée les matelots du Fré-dom. Aussitôt, n’écoutant que leur courage, ils montèrent sur leurs bateaux de pêche et arrivèrent non sans difficultés, auprès du bâtiment en détresse ; ils se mirent en devoir de sauver le chargement et ils y étaient presque arrivés lorsqu’un coup de vent d’une violence extraordinaire s’abattit si malheureusement sur le trois mâts que celui-ci, déjà bien maltraité, s’ouvrit comme une coquille et sombra. L’équipage voulut rester jusqu’au dernier moment, malgré les conseils de nos matelots, aussi cette imprudence faillit elle couter la vie à deux d’entre eux: le second et le maître de cuisine. Ils auraient infailliblement péri dans les flots si le sieur Maudin, qui veillait de loin sur eux, n’était venu à leur secours. Déjà l’embarcation que montaient les naufragés du trois mâts menaçait de chavirer, malgré les efforts impuissants de ceux qui la montaient. C’est alors que Maudin, dont la conduite en cette circonstance est digne des plus grands éloges se jette de nouveau à la mer et manœuvre si habilement qu’il sauvé la vie aux deux matelot si dangereusement exposés. Nous devons signaler aussi le dévouement des nommés Paul Servan, Jacques Salvago et de Blanc, préposé des douanes. En somme, toute notre brave population a fait son devoir: nos marins ont d’ailleurs prouvé, dans des circonstances aussi malheureuses, qu’ils faisaient facilement le sacrifice de leur vie pour porter secours à leur prochain. Honneur à nos courageux pêcheurs.


L'affaire du vapeur Espagnol. D'après un article du journal la Loi du 11 juillet 1891

L'affaire du vapeur Espagnol. D'après un article du journal la Loi du 11 juillet 1891
L'affaire du vapeur Espagnol. D'après un article du journal la Loi du 11 juillet 1891
Le sieur Duval, vice consul d’Espagne et propriétaire du vapeur La Bonaventura, affrète le navire au départ d’Aigues-Mortes début Octobre 1889. Les préparatifs sont en cours, les commerçants de la ville fournissent les vivres prévus pour la traversée et sont payés à la livraison sur le navire. Une commande spéciale de viande pour l’équipage est passée par Duval auprès du sieur Maurette, boucher à Aigues-Mortes. Les vivres seront livrées aux matelots en temps et en heure avant le départ. La suite des minutes du procès nous donne quelques précisions: « Attendu que le boucher Maurette à livré des vivres aux matelots du Bonaventura sur la commande spéciale qui lui en a été faite par Duval : qu’il a fait crédit de cette fourniture en considération de la garantie de ce dernier, qui lui est honorablement connu comme son concitoyen, sans avoir la pensée de contracter avec le gouvernement Espagnol et de soumettre sa créance à toutes les éventualités des règlements internationaux » […]
Le vapeur La Bonaventura fait finalement naufrage en vue d’Aigues-Mortes le 14 Octobre 1889, peu après son départ. Duval refusera par la suite de régler sa dette auprès de Maurette, qui l’attaque finalement en justice. Duval prétend qu’en sa qualité de vice consul d’Espagne, il n’est pas justiciable des tribunaux Français à raison des actes se rattachant à ses fonctions. Le jugement est finalement rendu par le juge de paix du Canton d’Aigues-Mortes le 28 Février: le sieur Duval est finalement condamné à l’amende et au dépends, avec remboursement de la somme de 96 francs 80 pour la fourniture de viande.
(plaidants: Maitres Manse et Robert, avocats).

Sources : bibliothèque Nationale de France. https://gallica.bnf.fr/