Les faits divers
dans la presse de 1791 à 1868

Pendant la révolution. Journal "L'Ami du Roi" du 21 Janvier 1791

Pendant la révolution. Journal "L'Ami du Roi" du 21 Janvier 1791
Pendant la révolution. Journal "L'Ami du Roi" du 21 Janvier 1791
On nous écrit d’Aigues-Mortes. Hier, le curé ayant dit la seconde messe, prêché et prêté le serment exigé des ecclésiastiques, le peuple en a été si indigné, que n’ayant été contenu que par la sainteté du lieu, il l’a attendu à la sortie, et allait l’immoler à sa fureur si les officiers municipaux ne fussent accouru à son secours, et n’eussent consenti, pour le sauver, à ce qu’il fût chassé de la ville, chargé d’imprécations par environ mille à douze cents personnes. La municipalité a même été obligée de commettre deux de ses membres pour escorter ce curé jusqu’à Saint Laurent.
- lecture en annexe : dans un texte de Nicolas Lasserre, « La question religieuse à Aigues-Mortes Pendant la révolution Française », l’auteur traite longuement du contexte lié à cet évènement [ Lire l’intégralité du texte ici ]


Fausse monaie. Journal du département de haute Garonne du 2 Décembre 1804

Fausse monnaie. Journal du département de haute Garonne du 2 Décembre 1804
Fausse monnaie. Journal du département de haute Garonne du 2 Décembre 1804
Il a été reconnu qu’il circule dans ce département (Gard) des Louis d’or faux, qu’on suppose avoir été versés en France par les Anglais, du côté ci-devant Languedoc, surtout dans les environs d’Aigues-Mortes, en achat de bétail. Ces Louis faux portent le millésime de 1786; ils sont plus larges que les vrais; l’empreinte est mieux soignée ; la fleur de lys supérieure qui est dans l’un des écussons touché la barre qui le sépare de l’autre. La lettre F majuscule du mot Franciœ qui est du côté de la tête est mieux faite, et la branche du milieu de cette lettre est plus distante de la branche supérieure que dans les Louis ordinaires. Ils contiennent environs neufs Francs d’or.


Vente de deux salins. Gazette Nationale ou le moniteur universel du 1er Décembre 1819

Vente de deux salins. Gazette Nationale ou le moniteur universel du 1er Décembre 1819
Vente de deux salins. Gazette Nationale ou le moniteur universel du 1er Décembre 1819
Direction générale de l’enregistrement et des domaines et forêts. Le public est averti qu’il sera procédé à la vente aux enchères publiques, ou leur mise en ferme par bail emphytéotique, ou a plus court terme, des deux salins, l’un appelé salin de l’Abbé, l’autre salin de Saint-Jean, situé dans l’enclos de Peccais, commune d’Aigues-Mortes, département du Gard, appartement au domaine extraordinaire, composé ainsi qu’il suit:
1/ salin de l’Abbé
La contenance de ce salin, compris les échauffoirs ou partènements, plaines servant de réservoirs, entrepôts pour y former les camelles, les canaux de navigation, les chaussées et les plaines vagues et arides est de : 205 arpents, 88 perches, 51metres. Celle du terrain pour pâturer de: 31 arpents, 22 perches, 99 mètres. Total: 237 arpents, 11 perches et 50 mètres. Bâtiments: un logis, composé d’une cuisine et deux chambres au rez-de-chaussée, servant au logement du saunier. Quatre chambres au-dessus servant à l’usage de l’agent et de deux préposés; une grande cabane pour les ouvriers; une cabane dite de distribution ;deux autres petites cabanes pour les conducteurs des mules pendant la saunaison; une jument.
2/ salin de Saint-Jean
La contenance de ce salin, compris les échauffoirs ou partènements, plaines servant de réservoirs, entrepôts pour y former les camelles, les canaux de navigation, les chaussées et les plaines vagues et arides est de : 244 arpents, 29 perches, 13metres. Pâturage et herbages : 205 arpents, 60 perches, 9 mètres. Total: 449 arpents, 89 perches et 24mètres. Bâtiments:La ci-devant chapelle de Peccais, servant de magasin général pour les ustensiles; autre bâtiment servant de magasin de bois à brûler; la cabane du saunier; la cabane dite de distribution ;autre site la divertissante ;autre pour le sous-saunier; autre pour les ouvriers. Mobilier : quelques meubles et ustensiles nécessaires à l’époque du levage des sels. Harnais et ustensiles : ces objets consistent en cabas pour le levage, mesures pour les livraisons, charrette, chariot, collets pour l’attelage des mules, colliers pour le service des puits à tympan, au nombre de deux. Un puit à roue, un puit avec vis d’Archimède, et plusieurs autres objets pour service du salin. Cabaux : Il existe pour l’usage de ce salin, 9 mules et une jument.
Les personnes qui seraient dans l’intention d’acquérir ces deux propriétés, ou de les prendre à bail emphytéotique ou à plus court délai, pourrons prendre connaissance des conditions soit à la direction générale de l’enregistrement et des domaines et forêts à Paris, soit à la direction des mêmes droits à Nismes, département du Gard, et y faire leurs offres sur l’un ou l’autre des trois partis proposé par le présent avis.
Nismes le 13 Octobre 1819.
Les directeurs de l’enregistrement et des domaines et forêts du Gard.
Signé Moreau.
pour copie conforme le conseillé d’état directeur général
Le baron Barrairon.


Demande de vin. Le Figaro Edition du 24 juin 1838

Demande de vin. Le Figaro Edition du 24 juin 1838
Demande de vin. Le Figaro Edition du 24 juin 1838
Aigues-Mortes, la vieille cité Gothique, qui a eue l’honneur de servir des carpes et des rougets à St Louis et à Charles-Quint, Aigues-Mortes qui nous a donnée Théaulon, le spirituel vaudevilliste, Aigues-Mortes qui a régalé à sa table ichtyophile Alexandre Dumas, Taylor, Dauzats, Jadin, Mérimée, voire même M. Lottin de Laval, et cela jusqu’à trois fois en un an. Aigues-Mortes enfin, puisqu’il faut le dire, Aigues-Mortes manque de vin. Son territoire, gonflé de sable, troué de ravins, géographié de flaques d’eau, ne produit pas même une tasse de piquette, et les Aigues-mortois (sic) sont de joyeux enfants qui cultivent volontiers Bacchus et Momus (vieux style). Les gosiers municipaux (autrement dit les conseillés) réunis en assemblée extraordinaire, ont pris à l’unanimité la délibération suivante:
Considérant :
1′ Que la ville manque de vin ;
2′ Que le vin est nécessaire, indispensable, pour entretenir la santé, la gaité et l’enthousiasme ;
3′ Qu’un chemin de fer vient d’être autorisé entre Montpellier et Nîmes
Supplient très humblement (les dits gosiers municipaux) la chambre des députés d’ordonner:
1′ Qu’un embranchement soit fait sur Aigues-Mortes
2′ Qu’il soit permis à ladite ville d’aller s’approvisionner, comme bon lui semblera, aux caves Montpelliéraines et Nîmoises, le tout sous la réserve des droits, coutumes et usages établis. Et ont signé sur le registre, avec leur paraphe.
La délibération de la cité œnophile est arrivée à Paris sous bandes croisées, à l’adresse du député de l’arrondissement, M. Teuton, et l’on a pu voir, dans une des dernières séances, l’honorable membre s’enrouer à demander le vin nécessaire à la consommation journalière de ses commettants, La chambre a fait la sourde oreille. Elle a répondu qu’elle ne voyait pas la nécessité de donner du vin aux Aigues-Mortois, qu’ils pouvaient fort bien continuer le régime anodin de l’eau de rivière, et s’épargner ainsi une foule de maladies toutes plus funestes les unes que les autres. Les Aigues-Mortois ne sont pas de cet avis. Ils persistent et demandent toujours du vin à grands cris. A l’heure qu’il est, la ville est sens dessus dessous. Il n’y a plus d’amis. Les employés des contributions indirectes ont été lapidés. L’hôpital pleure à chaudes larmes. Les frères ignorantins sont au désespoir. La citadelle est rouge de colère. La tour de Constance gémit jusqu’en ses fondements. Le conseil municipal bat la campagne. Le curé est devenu fou. Le maitre d’école s’est noyé de dépit dans un tonneau de bière. Seuls, les porteurs d’eau. chantent victoire et rient à gorge déployée. Aigues-Mortes a été mise en état de siège. Soixante tourlourous sont accourus de Nîmes, baïonnette croisée. Un quart d’heure avant leur arrivée, tout était rentré dans l’ordre. Le maire a convoqué un grand conseil de ville, et après avoir consulté chacun des assistants en particulier, il a décidé à lui tout seul, qu’il enverrait à Paris son écharpe, munie d’une procuration notariée en bonnes formes. La bienheureuse écharpe, posée avec le cérémonial convenable sur la grande table du conseil, a enregistré complaisamment les griefs dont ses concitoyens avaient à se plaindre; puis elle a donné l’accolade fraternelle, et s’est mise immédiatement en route pour Paris. On l’a vue passer avant-hier à Bordeaux ; dans trois jours, au plus tard, elle fera son entrée par la barrière Fontainebleau.
Le Figaro tiendra ses lecteurs ou courant de cette affaire, qui ne tombera sans doute pas dans l’eau.


Noyade d'un Curé. Journal "Le Sémaphore de Marseille" du 21 Juillet 1839

Noyade d'un Curé. Journal "Le Sémaphore de Marseille" du 21 Juillet 1839
Noyade d'un Curé. Journal "Le Sémaphore de Marseille" du 21 Juillet 1839
On nous écrit d’Aigues-Mortes, à la date du 20 juillet, ce qui suit: un évènement déplorable est venu jeter la consternation dans notre ville. M. l’abbé Roque, natif de Beaucaire, qui après avoir rempli pendant quatre ans les fonctions de vicaire dans l’église d’Aigues-Mortes, avait été nommé curé près d’Avignon, eu le désir de revoir, pendant quelques jours, les nombreux amis qu’il s’était fait dans notre ville, par sa douceur et son zèle évangélique. Son ancien curé M. Blanchard lui fit un accueil plein d’empressement: Hier, après avoir dîné chez lui, il voulut aller prendre un bain de mer, pensant que le trajet, qui sépare d’une lieu et demie l’embouchure du port de la ville, suffirait pour accélérer sa digestion: s’étant mis à l’eau, il fut saisit par un violent mal de cœur, et malgré les premiers secours que deux jeunes gens lui portèrent, il avait cessé de vivre quand on le retira de la mer. Ce digne prêtre était l’unique soutien de son père presque aveugle, et de sa sœur veuve chargée de l’entretien de six enfants.


Accident dans les salins. Journal "l'aube" du 29 Août 1840

Accident dans les salins. Journal "l'aube" du 29 Août 1840
Accident dans les salins. Journal "l'aube" du 29 Août 1840
Le 12, un déplorable événement à eu lieu aux salines de Peccais. Les ouvriers avaient attaqué la base d’une masse énorme de sel, de manière à former une voûte et à provoquer l’éboulement de la partie supérieure. Tout à coup l’édifice s’écroula et ensevelit 3 ouvriers sous un poids de 30 à 60 mille kilogrammes. On se mît à travailler à leur délivrance. L’un de ses infortuné fût retiré sans vie et le crâne fracassé, c’était un père de famille. Le second avait la jambe fracassée, on espère le sauver. Le troisième fût délivré après trois heures de travail :mais il était tout mutilé, et l’on a aucun espoir de le conserver..


Douaniers empoisonnés. Journal "Le Courrier du Gard" du 20 Décembre 1843

Douaniers empoisonnés. Journal "Le Courrier du Gard" du 20 Décembre 1843
Douaniers empoisonnés. Journal "Le Courrier du Gard" du 20 Décembre 1843
Un fait d’empoisonnement, qui a présenté des caractères assez remarquables au point de vue médical, à eu lieu dernièrement dans les environs d’Aigues-Mortes. Deux familles de douaniers, du poste de la Marette, ayant trouvé de grosses racines blanches qui avaient l’apparence de navets, eurent l’idée de les préparer et d’en faire un repas. C’étaient des racines de jusquiames noires (hyosciamus Niger), dont ses pauvres gens, poussés par la cherté excessive des vivres et forcés à une extrême économie par la modicité de leur paie, croyaient pouvoir sans danger faire leur nourriture. Les effets de l’intoxication ne tardèrent pas à se manifester, mais avec des symptômes et à des degrés divers. La femme Maillard, qui avait moins mangé que les autres, se met tout à coup à danser, à rire avec des gestes bizarres et des contorsions étranges; à donner en un mot des signes évidents d’aliénation mentale, et en repoussant avec force les personnes qui essaient de la contenir. La femme Lacaussade est plongée dans un sommeil léthargique, tandis que son mari se dirige en chancelant vers son lit ou il se laisse tomber, et offre bientôt la roideur et l’immobilité d’un cadavre; les membres froids, les pupilles effacées et le globe de l’œil injecté. Grâce aux soins habillés et assidus de Mr le docteur Schilizzi, ce bizarre empoisonnement n’a pas eu de de suites funestes et le troisième jour, les victimes étaient à peu près complètement rétablies. Le docteur Schilizzi conclut de ce fait que l’injection de la jusquiame noire, prise à dose moyenne produit les symptômes de la folie, à dose plus forte elle donne lieu à des mouvements apoplectiques, à dose illimitée elle provoque des accidents tétaniques semblables à ceux qu’exercent les préparations de la noix vomitique..


L'affaire de la veuve Bouday. journal " Le Courrier du Gard" du 30 Mai 1848

L'affaire de la veuve Bouday. journal " Le Courrier du Gard" du 30 Mai 1848
L'affaire de la veuve Bouday. journal " Le Courrier du Gard" du 30 Mai 1848
Quatre jours ont été employés au jugement d’un crime d’infanticide commis il y a un an à Aigues-Mortes. Deux accusées sont assises sur les bancs. La première Jeanne Janvier veuve Bouday âgée de 28 ans, marchande, née et demeurant à Aigues-mortes. La deuxième, Marguerite Guilhem, dite femme Vidal, âgée de 38 ans, sans profession, née à Cette, demeurant à Aigues-mortes. Voici dans quelles circonstances ce crime aurait été commis.
M. Schilizzi, docteur en médecine, dans une visite qu’il faisait à la veuve Bouday, depuis quelque temps souffrante, lui manifesta le soupçon qu’elle était enceinte; la veuve Bouday se récria avec violence affirmant que cela n’était pas, parce que cela ne pouvait pas être et ne craignit pas de se soumettre à la vérification de sa personne. Le résultat de cet examen fut de fortifier les soupçons du docteur sans cependant lui donner une entière certitude; c’était dans l’automne de 1846 et la conception était alors récente. Quelques mois plus tard, en mars 1847, une foule de signes visibles étant venus confirmer l’opinion de M. Schilizzi, il alla le témoigner à l’accusée, et sur sa dénégation, il lui proposa une seconde visite mais la veuve Bouday s’y refusa. Le 9 mai suivant, à la suite d’un examen approfondi quoique rapide, le docteur Schilizzi se convainquit complètement, et déclara à la veuve Bouday que, malgré toutes ses dénégations, elle était enceinte et que son accouchement était prochain. Il lui ajouta : « Eh bien, met toi au lit et quand les douleurs deviendront plus forte tu me feras appeler. Je t’accoucherai, personne n’en saura rien et je pourvoirai à la sureté de ton enfant ». Cette proposition qui aurait du faire tomber la veuve Bouday aux genoux du bienfaisant docteur ne fut point accueillie. Elle avait formé un autre projet. Elle voulait, disait elle, aller faire ses couches soit à Nîmes, soit à Saint-Laurent, et à cet effet le docteur lui prêta dix francs en lui recommandant de bien veiller sur son enfant. Ici se place l’apparition sur la scène de la deuxième accusée Marguerite Guilhem: c’est une fille dont la réputation est complètement mauvaise.
Dans la journée du dimanche 9 mai, une entrevue eut lieu entre les deux accusées. Il fut convenu qu’elles iraient toutes deux à Saint-Laurent: le père, qui ignorait la position de sa fille, la veuve Bouday, s’y refusa en disant que le temps était trop mauvais pour voyager. Force donc, fut à cette dernière de faire ses couches dans sa chambre. C’est dans la soirée de ce même jour, Dimanche, que l’accouchement s’effectua vers les huit heures du soir. La fille Guilhem venait de monter dans la chambre de l’accouchée, ou, d’après le dire de la dame Janvier, cette fille était restée un quart d’heure lorsqu’elle y monta. En entrant dans cette chambre la mère trouva sa fille appuyée contre son lit dans lequel elle se plaça incontinent: ayant remarquée à terre une trainée de sang, la femme Guilhem lui répondit : « Votre fille est maintenant guérie, ses maladies sont revenues; vous pouvez envoyer promener le médecin ». L’accouchement venait de se faire, c’est un fait constant. Avait-il eu lieu pendant que la veuve Bouday était seule, ou bien en présence et avec le concours de la femme Guilhem ? La première l’affirme avec énergie, la seconde le nie non moins énergiquement. Quoi qu’il en soit cet enfant qui venait de voir le jour, qu’était il devenu ? Il était enfermé dans une armoire de la chambre. La femme Guilhem resta peu de temps après que la mère Janvier fut montée chez sa fille, qu’elle était loin de supposer venir d’accoucher. M. Schilizzi, ayant appris le lendemain que la veuve Bouday n’avait pas quitté Aigues-Mortes, vint la voir immédiatement et s’étant assuré que l’accouchement avait eu lieu comme il l’avait prévu, il lui demanda ou était l’enfant. La veuve Bouday lui répondit : « Mon enfant est parti par le bateau de poste, il est à Nîmes ou à Montpellier ». Après quelque hésitation elle ajouta: « c’est la femme Guilhem qui s’est chargée du transport de l’enfant ». M. Schilizzi le crut. Le lendemain, mardi 11, M. Schillizzi demanda à la femme Guilhem ce qu’était devenu l’enfant de la veuve Bouday. Elle lui répondit aussitôt qu’elle ne comprenait pas ce qu’il lui disait; qu’elle ignorait même si cette femme était accouchée. M. Schilizzi commença alors à ressentir de vagues inquiétudes, et après plusieurs démarches auprès de l’accusée, toutes sans résultat, il porta plainte à la justice.
Ces deux femmes furent arrêtées, et une d’elles, la veuve Bouday, avouât que l’enfant avait été jeté par la femme Guilhem, dans les latrines de la maison Marin. Celle ci le dénia avec énergie. L’enfant fut retrouvé dans les latrines de la maison indiquée, mais coupé en morceaux; il résulte des inductions des médecins que c’est pendant la vie de l’enfant qu’il aurait été mutilé. Trois jours après son accouchement, la veuve Bouday avait été vue sortant des latrines de la maison Marin, ou, a t’elle dit, elle venait de s’assurer si son enfant que la Guilhem lui avait avoué y avoir jeté, s’y trouvait effectivement. II a suffit pour les magistrats instructeurs des tergiversations, dénégations et contradictions des deux accusées, ainsi que des faits ci-dessus pour que le doute fut impossible et elles comparaissent devant la Cour d’assises, l’une sous l’accusation d’infanticide, et l’autre de complicité. Leur défense, aux débats comme dans l’information, consiste à s’accuser mutuellement; la veuve Bouday dit avoir remis son enfant vivant à la femme Guilhem pour le transporter dans un hospice; et la femme Guilhem nie avoir même jamais connu l’état de grossesse de la veuve Bouday. Mr le président a posé d’office, à l’égard des deux accusées, une question d’homicide par imprudence. La veuve Bouday, déclarée non coupable sur toute les questions a été acquittée. Marguerite Guilhem, reconnue coupable d’homicide par imprudence, a été condamnée au minimum de la peine, trois mois d’emprisonnement, 50 francs d’amende.


Incendie d'une grange. Journal " Le Sémaphore de Marseille" du 5 Septembre 1848

Incendie d'une grange. Journal " Le Sémaphore de Marseille" du 5 Septembre 1848
Incendie d'une grange. Journal " Le Sémaphore de Marseille" du 5 Septembre 1848
Aigues-Mortes 2 Septembre. Dimanche dernier 27 Aout, notre ville à été le théâtre d’un incendie qui, par son intensité, a mis toute la population en émois. Vers minuit, le tambour d’une part et le tocsin de l’autre, donnèrent le signal d’alarme. Les cris Au feu ! Qui retentissaient de toute part eurent bientôt mis tous le monde sur pied. Hommes, femmes, prêtres, frères des écoles Chrétiennes, soldats et douaniers, tout à rivalisé de zèle pour porter secours à cet affreux sinistre, et c’est à cette activité et à ce courage, que l’on doit de ne pas avoir à déplorer la perte de tout le faubourg qui n’est habité en partie que par des aubergiste, qui tous on des grenier à foin. En effet le feu venant de se manifester à une grange appartenant au sieur Castel Alexis, dans laquelle il y avait environ 2500 quintaux de luzerne et autres fourrages, quatre charrettes ; tous les attirail d’une forte ménagerie et sept chevaux ou mulets, ont été la proie des flammes dans cette nuit de désastre. La violence du feu à été telle que les habitants des villages environnants prirent l’alarme et crurent l’incendie à leur porte. La population se voyant impuissante à se rendre maîtresse du feu, porta tout ses soins à garantir les vastes magasins des sieurs Gros et Rivas, qui sont remplis de bois de construction et de brai, et dont les murs sont mitoyens de la grange incendiée. Lundi à quatre heure du matin, le feu ne menaçant plus de se communiquer aux magasins et aux hôtels qui l’avoisinaient, bien des personnes se sont retirées, mais sur les craintes que l’on avait qu’il y eût quelques hommes couchés dans la grange du sieur Castel, l’autorité ordonna de déblayer les décombres causés par cet affreux sinistre, ce qui ne put avoir lieu que vers 10 heures du matin. Après trois jours de travail assidu, on a trouvé parmi les ossements des bêtes des poutres calcinés et autres débris, le cadavre presque entièrement brûlé du nommé Caval Pierre, des environs de Carcassonne, qui habitait Aigues-Mortes depuis un an à peu près. Le docteur schilizzi, médecin de l’hospice, appelé à procéder à l’examen de ce cadavre, à constaté qu’il avait été assassiné, lui ayant remarqué une incision profonde au cou, faite par un instrument tranchant. Cet homme était porteur d’une certaine somme, on présume que cet argent a tenté la cupidité de ceux qui l’on assassiné, qui, pour cacher ce premier crime, n’ont pas craint d’en commettre un second en mettant le feu. Trois individus qu’on a vu fuir venant du côté de l’incendie au moment où il était découvert ont été arrêté sur chemin du Canal d’Aigues-Mortes à St Gilles, ce sont des Corses forçats libérés. La perte causée au sieur Castel est évaluée à 23 000 francs. environ, dont seulement 8 000 francs étaient assurés par la compagnie du Phoenix.


La passée aux canards. La chasse illustrée du 4 janvier 1868

La passée aux canards. La chasse illustrée du 4 janvier 1868
La passée aux canards. La chasse illustrée du 4 janvier 1868
Un de mes bons amis, qui habite du côté de la ville d’Aigues-Mortes, pratique la chasse aux appelants de la façon la plus pittoresque. Il s’est façonné, entre les branches de deux saules jumeaux, qui sont nés et ont végétés ensemble dans un des palus qui borde le Grau, une cabane aérienne, qui domine un Clar, autrement dit une nappe d’eau et dans cette hutte, ou se trouve tout le confortable possible, à l’abri des rafales du mistral, il se tapie pendant les belles passées de Décembre et de Janvier, après avoir placé devant une douzaine de canes attachées à des piquets. Tandis qu’il attends à son poste, la canardière appliquée contre la joue, la venue des palmipèdes, son batelier, un braconnier très connu qui a plus tué de gibier dans sa vie que l’Empereur lui-même a ses tirés de Compiègne et d’autres lieux, va leur faire le rabat de la façon que voici : il a emporté dans un panier les mâles des femelles attachées au piquet, et dès qu’il aperçoit une bande de voyageurs, il lâche un, deux ou trois de ses oiseaux privés, qui partent aussitôt, se mêlent aux pauvres émigrants et les amènes dans le Clar ou, pour mieux dire, droit au traquenard; en se rangeant près de leurs femelles. L’affaire des nouveaux venus est bientôt faite. Le chasseur d’Aigues-Mortes, du haut de sa cabane aérienne, prends son temps, mitraille les infortunés à coup de canardière, puis, quand la passée est terminée, le batelier vient le prendre, et l’on ramasse les morts.

Sources : bibliothèque Nationale de France. https://gallica.bnf.fr/